presse force one

presse force one
informations, investigations, analyses

jeudi 15 mars 2012

6ÈME FORUM MONDIAL DE L’EAU


6ÈME FORUM MONDIAL DE L’EAU
DISCOURS DU PREMIER MINISTRE,
FRANÇOIS FILLON
(Marseille, 12 mars 2012)
Mesdames, Messieurs,
Depuis maintenant une quinzaine d’années, les Forums mondiaux de l’Eau ont fait progresser la compréhension des enjeux liés à ce thème essentiel, même si le témoignage tellement émouvant et en même temps tellement brillant, que nous venons à l’instant d’entendre, doit nous inciter à faire preuve de la plus grande humilité.
Mais les défis sont immenses, et les faits sont tenaces.
Le nombre des êtres humains qui n’ont pas accès à une eau salubre se chiffre en milliards. Celui des morts que nous déplorons chaque année à cause des risques sanitaires que cela entraîne se compte en millions. C’est une situation qui n’est pas acceptable. Toute la communauté internationale doit se mobiliser pour y remédier.
C’est votre ambition, c’est l’ambition de ce 6e Forum que d’apporter des solutions concrètes. Et je voudrais d’abord vous dire combien je suis heureux qu’il ait lieu cette année à Marseille. Parce que Marseille au cours de son histoire a véritablement été confrontée au problème de l’eau. Parce que Marseille, sur le rivage de la Méditerranée, a vocation à promouvoir le dialogue entre pays du Nord et pays du Sud. Et parce que c’est pour la France l’occasion de faire partager son approche de ces problèmes cruciaux.
Au cours de ces dernières années, de grands progrès ont été faits pour ce qui concerne l’accès à l’eau. Selon l’étude que viennent de rendre publique l’Organisation Mondiale de la Santé et l’Unicef, le taux d’accès à l’eau de la population dans le monde serait de 89% en 2010. Ces résultats doivent nous encourager à aller plus loin.
C’est maintenant l’assainissement qui est en revanche le défi le plus lourd que nous ayons à relever. Parce que la même étude que je viens de citer indique que 2,5 milliards d’individus n’ont pas accès à une eau salubre.
Les choses ont évolué trop lentement, et il faut maintenant passer à la vitesse supérieure pour faire aboutir notre ambition commune.
À court terme notre premier défi est de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le Développement : en réduisant de moitié, d’ici 2015, le nombre de personnes n’ayant pas accès à l’eau potable et à l’assainissement de base.
À plus long terme, nous devons réfléchir aux moyens de rendre cet accès universel, en 2030. Et nous proposons que ce Forum permette d’initier un engagement, un engagement solennel de la communauté internationale autour de cette grande ambition.
Au cours des dix dernières années, la France a plus que doublé son aide au développement dans le domaine de l’eau, qui s’élève aujourd’hui à 600 millions d’euros par an.
Elle contribue à de grands projets : je pense aux infrastructures électriques comme le barrage de Nam Theun 2 au Laos ; à des programmes nationaux de développement de l’eau potable et de l’assainissement, comme au Sénégal ou en Tanzanie.
Elle contribue aussi à des actions, tout aussi essentielles, qui sont menées au plus près des communautés, en milieu urbain, comme à Phnom Penh ou à Soweto, ou en milieu rural, comme par exemple dans les villages du Tchad, du Niger ou de Mauritanie.
J’ajoute qu’en France les collectivités locales et les agences de l’eau ont désormais depuis 2006, le droit et les moyens de financer sur leur budget des actions de solidarité internationale. Je sais que beaucoup de pays sont favorables à cette idée et je veux saluer leur engagement et j’encourage le plus grand nombre à se joindre à ce mouvement.
Notre engagement ne faiblit pas et je voudrais en citer deux nouveaux exemples importants.
Le premier c’est le soutien que nous apporterons - pour 10 millions d’euros - au projet d’usine de dessalement de l’eau de mer à Gaza, une fois que les études auront confirmé sa faisabilité. Je souhaite que ce Forum de Marseille permette de compléter le tour de table financier en faveur de ce chantier et je veux par avance remercier les États et les organisations qui vont y contribuer. Ce projet d’usine de dessalement de l’eau de mer à Gaza c’est le premier projet à avoir été labellisé par l’Union pour la Méditerranée en 2011. C’est un projet qui illustre parfaitement la démarche consistant à créer des solidarités entre les pays riverains de la Méditerranée. Comme le disait l’un des intervenants lors du Sommet de Paris du 13 juillet 2008, si l’Europe de la paix s’est construite autour du charbon et de l’acier, la Méditerranée de la paix se construira probablement autour du soleil et de l’eau.
La deuxième initiative concerne le financement de projets en Afrique.
La Banque africaine de développement a besoin de relancer, de reconstituer, de réformer son initiative pour l’approvisionnement en eau et de l’assainissement en milieu rural.
La France participera activement à ces réformes et s’engage dès aujourd’hui à apporter jusqu’à 40 millions d’euros. Elle appelle ses partenaires à l’accompagner dans cet effort.
Mesdames et Messieurs,
L’eau est un enjeu de développement. Mais l’eau est aussi un enjeu écologique. Et on ne peut pas dissocier ces deux enjeux.
On n’a pas le droit de dissocier ces deux enjeux. On ne peut pas poursuivre l’ambition de l’accès universel à une eau saine sans chercher en même temps à préserver notre environnement des dégradations qui le menacent.
Les pollutions et les effets du changement climatique - les sécheresses, les inondations plus nombreuses, plus imprévisibles - sont des paramètres déterminants dans la pression qui pèse sur la ressource en eau.
On sait que les problèmes auxquels nous faisons face concernent avant tout la qualité de l’eau, sa répartition géographique qui est très inégale et le gaspillage dont elle fait encore beaucoup trop l’objet. De ce point de vue, le seul fait que dans certaines grandes métropoles jusqu’à 70 % - je dis bien 70 % - de l’eau distribuée soit perdue par les fuites dans les réseaux témoigne des immenses marges de progression que nous avons à exploiter.
Ce dont nous avons besoin, c’est par conséquent d’une véritable gestion durable de l’eau. En France, nous avons décidé de mettre l’accent sur ce point essentiel lorsque nous avons lancé le Grenelle de l’environnement.
Et d’abord nous avons misé sur l’innovation et sur les technologies vertes. En 2010 nous avons ainsi labellisé deux nouveaux pôles compétitivité, c’est-à-dire des «clusters» qui réunissent des universités, des instituts de recherche, des entreprises innovantes - qui vont travailler spécifiquement sur cette question de l’eau. C’est par exemple dans ce cadre qu’on est en train de mettre au point un nouveau procédé de filtration par membrane permettant de réutiliser les eaux usées passées par un système de lagunage. Une de ses applications est de réduire les besoins en prélèvement dans l’irrigation de culture.
Ensuite nous nous sommes engagés dans la lutte contre le gaspillage.
Nous avons lancé un plan d’amélioration de la performance des réseaux de distribution d’eau potable. Et chaque collectivité dont le réseau a un rendement inférieur à l’objectif fixé se doit désormais de définir des actions précises pour y remédier.
Enfin nous cherchons à améliorer constamment notre efficacité hydrique.
Et nous nous sommes fixés un objectif de réduction de 20 % de l’eau prélevée d’ici 2020, en dehors du stockage d’hiver. En la matière nous pouvons nous appuyer sur un bilan positif, puisqu’en dix ans, la France a diminué ses prélèvements en eau alors que dans le même temps sa population augmentait.
Je crois pouvoir dire qu’il existe en France un modèle original et efficace de gestion de l’eau. C’est un modèle qui remonte aux premiers textes de loi sur l’eau en 1964 et qui a été renouvelé à travers le Grenelle de l’environnement et nos ambitions de bon état écologique de l’eau pour 2015. Un modèle basé sur une organisation à la fois en régie et par délégation de service public, un modèle qui favorise l’existence de nos champions industriels qui sont parmi les meilleurs au monde, un modèle qui implique aussi l’accent mis de longue date sur la thématique de l’agriculture raisonnée.
Bref, nous avons une expérience et nous avons une expertise que nous continuons à développer et que nous souhaitons faire plus largement partager.
Un enjeu aussi fondamental pour l’Humanité que celui de l’eau ne peut évidemment pas se traiter uniquement à l’intérieur des frontières d’un seul pays. Nous devons promouvoir ensemble une véritable gouvernance mondiale de l’eau, qui doit s’inscrire dans une gouvernance mondiale de l’environnement, qui doit être toujours plus forte et plus cohérente.
Et de ce point de vue, il y a plusieurs directions dans lesquelles la France est déterminée à s’engager.
Je crois d’abord à une meilleure articulation des actions sur le climat et des actions sur l’eau. Je pense aux partages d’expertise scientifique, mais aussi à la question des aides internationales aujourd’hui en place dans le domaine climatique.
Les difficultés que les changements climatiques vont entraîner pour l’accessibilité et la gestion de l’eau nécessiteront des efforts coûteux d’adaptation dans les pays les plus vulnérables et nous devons tenir compte de l’importance ce de ces efforts dans la façon dont nous concevons ces dispositifs d’aide.
Nous devons progresser - et vous savez que c’est un sujet sur lequel la France se bat depuis cinq ans avec énergie, nous devons progresser - vers la création d’une Organisation mondiale de l’environnement qui traitera de toutes les grandes problématiques, de manière plus transversale, plus intégrée et plus efficiente. Il n’y a aucune raison qu’il y ait une Organisation mondiale du commerce et qu’il n’y ait pas d’Organisation mondiale de l’Environnement.
En particulier, nous devons faire progresser celles qui concernent l’eau et je suis persuadé que ce sera pour cela une avancée décisive.
Nous devons enfin faire aboutir nos démarches pour que la convention des Nations unies de 1997 sur les cours d’eau internationaux entre rapidement en vigueur. Cette convention doit garantir un accès équitable à la ressource en eau dans les bassins transfrontaliers. Pour consolider la gouvernance mondiale de l’eau, c’est un pas très important. C’est la seule convention au niveau mondial concernant la gestion partagée des 276 cours d’eau internationaux qui traversent 145 pays - et dont les bassins versants représentent la moitié des terres émergées. La France s’est beaucoup mobilisée pour inciter tous les États à y adhérer. Et je veux saluer aujourd’hui les nouveaux pays qui s’engagent en ce moment même à le faire. Grâce à eux nous devrions atteindre cette année le seuil des adhésions nécessaire à l’entrée en vigueur de la convention. La France propose d’accueillir la première réunion des parties, dès que ce sera chose faite.
Mesdames et Messieurs,
Vingt ans après le premier Sommet de la Terre, la communauté internationale se retrouvera à Rio au mois de juin pour la conférence des Nations unies sur le développement durable. Il est fondamental d’y donner au problème de l’eau toute la place qui lui revient. Et au fond, c’est l’un des grands enjeux de ce forum de Marseille que de préparer ce rendez-vous stratégique de Rio.
Les ambitions légitimes affichées en matière de développement durable ne se concrétiseront jamais si l’eau demeure le parent pauvre de la gouvernance internationale. Et c’est pourquoi la France propose qu’une réflexion s’engage à Rio en vue de construire une initiative pour la gestion durable de la ressource en eau, sur le même modèle que l’initiative «Énergie durable pour tous» qui a été lancée au début de cette année par le Secrétaire général des Nations unies.
Mesdames et Messieurs,
Les défis que nous avons encore à relever pour que l’accès à l’eau soit plus juste et plus durable sont évidemment très importants. Mais je voudrais dire devant vous ce matin qu’il n’y a pas de fatalité. Nous avons les moyens d’obtenir à brève échéance des progrès toujours plus concrets. Et je crois que les succès des différents forums de l’eau qui se sont succédés montrent que la conscience de ces enjeux s’est largement développée au sein de la communauté internationale, et que la volonté de faire émerger des solutions durables est désormais bien ancrée.
Ce qui se dessine ici à travers votre réflexion et à travers votre action sur le thème de l’eau, c’est le basculement historique de nos sociétés d’un modèle de développement économiquement efficace mais destructeur de l’environnement, vers un modèle qui conjugue le développement économique, la juste répartition des richesses entre les régions du globe et en même temps la préservation des écosystèmes.
C’est au fond une nouvelle révolution industrielle qui est devant nous.
La première révolution industrielle était liée à la conquête du monde, à son exploitation et à sa domination par quelques puissances occidentales. Cette nouvelle révolution industrielle elle aura pour enjeu la préservation de la planète, le bien-être des populations et l’équité entre les nations. C’est un nouveau modèle de développement, un nouveau modèle de développement que nous devons bâtir ensemble, et pour le bâtir, la communauté internationale et chacun de nos États ont une part de responsabilité.
Mais je veux dire aussi ici devant ce Forum que tout ne viendra pas du sommet !
Les scientifiques, les techniciens doivent aussi concentrer toutes leur intelligence, tout leur savoir-faire. Nous ne devons pas renoncer à croire à la puissance du progrès technologique ! Nous devons aussi miser sur l’implication de nos concitoyens, sur les collectivités locales, sur les associations qui se sont emparées de ces sujets.
Chacun doit se sentir citoyen d’un monde dont il faut protéger et partager les ressources, et chacun peut, par ses gestes, par sa vigilance, influer sur l’organisation d’un modèle de vie empreint de responsabilité.
À mes yeux, c’est bel et bien une nouvelle révolution industrielle, pas une révolution post ou anti-industrielle. Parce qu’elle met en jeu des innovations techniques à grande échelle, parce qu’elle est porteuse d’activité, d’échanges commerciaux, parce qu’elle va irriguer des pans entiers de l’économie mondiale et de nos organisations sociales.
Des instances comme la vôtre sont très importantes pour accélérer cette transition nécessaire et pour la déployer de manière harmonieuse et concertée.
Nos efforts s’inscrivent bien sûr dans la longue durée et tout ne peut pas se faire en un seul Forum ; mais cette rencontre doit donner des résultats, cette rencontre doit être une étape cruciale.
Après Marseille, il y aura Rio, il y aura d’autres rendez-vous internationaux, il y aura le Forum de Daegu en 2015 - et je salue à cet égard la présence parmi nous du Premier ministre coréen. La communauté internationale mesurera à cette occasion, dans trois ans, la portée des engagements que nous prendrons ici, au cours de cette semaine.
Mesdames et Messieurs, la question de l’eau c’est une question que nous avons les moyens de résoudre. C’est une question qui montre que nous devons évoluer vers un nouveau modèle de développement. Le modèle hérité de la Révolution industrielle montre ici ses limites et ses conséquences sur l’environnement.
La boussole de ce modèle, cette boussole qu’on appelle le «Produit intérieur brut» ne montre plus la bonne direction. Parce que c’est une boussole qui ignore le coût de la pollution, c’est une boussole qui ignore la question du développement social. C’est une chance, c’est une chance d’être à ce moment du basculement de l’histoire de l’Humanité. À nous d’inventer la suite, à nous d’imaginer cette transition. Les travaux de Joseph Stiglitz et de Amartya Sen ont ouvert cette voie. C’est le concept même du développement durable qui est aujourd’hui à l’ordre du jour de ce Forum de l’eau./.
(Source : site Internet du Premier ministre)





6ÈME FORUM MONDIAL DE L’EAU
TABLE RONDE DE HAUT NIVEAU
"L'EAU POUR LE DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE"
INTERVENTION
DU MINISTRE CHARGÉ DE LA COOPÉRATION,
HENRI DE RAINCOURT
(Marseille, 13 mars 2012)
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
C’est avec un grand plaisir que je me joins à vous ce matin : ce Forum, que nous avons préparé intensément depuis plusieurs mois, nous donne enfin l’occasion de nous rencontrer. Je veux d’abord remercier les gouvernements d’Afrique du Sud, du Niger, du Bénin, du Burkina Faso, du Sénégal et du Togo et vous-mêmes, Mes Chers Collègues, pour avoir proposé d’organiser cette table ronde.
Pour le ministère français des Affaires étrangères et européennes, à qui a été confiée la lourde responsabilité de conduire le processus politique de ce 6ème Forum, le principe de ces sessions de travail, tel qu’il avait été développé au 5ème Forum d’Istanbul en complément de la déclaration ministérielle, nous a semblé très utile. Il permet aux gouvernements ou groupes de pays qui le désirent d’aller de l’avant et de montrer leurs solutions et leurs engagements aux autres gouvernements, et plus généralement aux autres acteurs du Forum, représentants de la société civile, des organisations internationales et du secteur privé. Aussi, je vous remercie sincèrement de démontrer, au vu de la forte participation dans cette salle, le succès de ce temps de partage et d’approfondissement.
Je vous remercie également pour le thème que vous avez choisi, l’eau pour le développement en Afrique. À l’heure où nous préparons aussi, au-delà du Forum, la conférence des Nations unies pour le Développement durable «Rio+20», dont l’un des thèmes porte sur «l’économie verte dans un contexte d’éradication de la pauvreté», je sais combien les enjeux de l’eau sont considérables pour l’Afrique.
D’abord, les populations africaines sont très affectées par le manque d’accès à l’eau potable et plus encore à l’assainissement, qui sont pourtant aujourd’hui un droit pour chacun. La croissance démographique est plus rapide que le développement des infrastructures, et rend difficile la fourniture des services urbains essentiels. Le retard en matière d’assainissement est particulièrement inquiétant, car il affecte la santé publique, perturbe l’éducation des filles, limite la productivité des familles, en plus de polluer le sous sol et les zones d’habitation. Dans les campagnes, c’est l’accès à l’eau qui est le plus problématique, et touche, à nouveau, les femmes et les enfants.
Je tiens à saluer les réformes nationales engagées dans plusieurs pays, quelquefois avec l’appui de la France, et qui ont permis, grâce à des cadres sectoriels plus efficaces et le renforcement des capacités, des améliorations significatives dans l’accès aux services d’eau et d’assainissement et la traduction de ce droit en réalité tangible. Je salue aussi la tenue, ces derniers mois, dans les cinq pays d’Afrique de l’Ouest qui co-président cette session, de dialogues nationaux «À l’eau l’Afrique» multi-acteurs entre les représentants des États et de tous les acteurs concernés par la gestion de l’eau. Ces dialogues sont une condition de la bonne gouvernance nationale et locale de l’eau ; ils sont aussi un moyen de sensibiliser le grand public : c’est capital pour que chacun comprenne les enjeux et puisse ainsi agir en conséquence.
La France souhaite également, avec les États africains et les autres bailleurs de fonds, améliorer l’efficacité des instruments qui permettront d’accélérer la mise en œuvre du droit à l’eau potable et à l’assainissement pour tous. Elle soutient ainsi vigoureusement la redynamisation des deux initiatives de la Banque africaine de développement, l’Initiative pour l’approvisionnement en eau et l’assainissement en milieu rural d’une part, la Facilité africaine de l’eau d’autre part, en liaison avec le Conseil des ministres africains de l’eau.
Ces deux instruments ont déjà accumulé une expérience précieuse et produit sur le terrain des résultats indéniables, et ils ont besoin d’un nouveau soutien, à la fois politique et financier. Je ne pourrai malheureusement pas être avec vous demain mercredi, pour la journée que la Banque africaine et le Conseil des ministres africains de l’eau consacrent à ces deux instruments. Mais je veux, d’ores et déjà, annoncer que la France va se réengager pour un montant de 40 millions d’euros dans l’Initiative rurale, en souhaitant que son fonctionnement soit amélioré pour maximiser son effet de levier et son articulation avec la Facilité pour l’eau.
Mais je veux aussi souligner, car on a tendance à parler d’abord de ceux qui n’ont pas d’eau ou d’assainissement, que le potentiel en eau de l’Afrique est important à l’échelle du continent, irrigué par de puissants fleuves qui sont autant de voies navigables et commerciales. Et ce potentiel doit être mis en valeur car il est porteur de croissance : pour produire plus de nourriture et générer des revenus pour les producteurs, il est possible d’augmenter les surfaces irriguées. Le potentiel hydroélectrique est également sous-exploité, alors que l’hydroélectricité pourrait jouer un rôle majeur dans le futur développement économique. C’est un sujet essentiel qui a été abordé par le G20 à l’initiative de la France.
Quand les ressources en eau sont partagées, leur gestion concertée et responsable entre les États riverains est nécessaire, dans la confiance mutuelle. Et les bénéfices produits, notamment les bénéfices économiques, sont bons pour chacun. Les cadres de coopération régionaux sont pour ce faire des outils efficaces, et la France est fière d’accompagner plusieurs des autorités de bassin africaines dans leur développement. Je me suis déjà exprimé à plusieurs reprises à ce sujet, mais je veux redire ici l’importance que la France attache à l’entrée en vigueur prochaine de la Convention des Nations unies de 1997 sur les eaux transfrontalières, qui fournira un cadre incitatif de coopération pour la gouvernance des eaux partagées et, au-delà, un outil au service de la croissance et du développement de l’Afrique.
En octobre dernier, je participais au Forum de Bamako, à l’invitation du gouvernement du Mali et de la fondation Chirac. Nous y avions évoqué ces enjeux, avec un regard particulier sur la région du fleuve Niger, mais avec des propositions de solutions qui allaient bien au-delà. Hier lundi, la session de suivi de ce Forum a montré l’importance d’un portage politique à haut niveau pour que les choses avancent. C’est ainsi que les gouvernements ont une responsabilité particulière à travers ce Forum. Nous aurons à porter les messages que nous avons préparés ici au-delà de Marseille, à Rio en juin, à New York aussi ensuite. Mais chacun de nous doit aussi porter ces messages dans notre propre pays. Je suis persuadé que cette session pourra contribuer à l’atteinte de ces objectifs ambitieux et je félicite tous les participants pour leur engagement et leur mobilisation au service de cette cause si utile pour les populations.
Je vous remercie./.




6ÈME FORUM MONDIAL DE L’EAU
BASSIN DU LAC TCHAD
INTERVENTION
DU MINISTRE CHARGÉ DE LA COOPÉRATION,
HENRI DE RAINCOURT
(Marseille, 12 mars 2012)
Monsieur le Président de la République du Tchad,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les Représentants de la Commission du Bassin du Lac Tchad et Représentants de la communauté internationale,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux d’être parmi vous aujourd’hui pour cet atelier de haut niveau consacré au Lac Tchad. Ma présence témoigne du souhait du président de la République que la France soit représentée par un membre du gouvernement lors de cet événement important, et tout autant de mon intérêt personnel pour ce sujet qui a un tel impact sur les vies de 30 millions d’Africains.
Monsieur le Président,
Je crois que la question du Lac Tchad est exemplaire des défis nouveaux auxquels doivent faire les pays en développement et des réponses que la communauté internationale doit y apporter, avec eux. Nous sommes au cœur de ces questions qui nous réunissent aujourd’hui si nombreux à Marseille. Nous sommes au cœur de l’imbrication de la dimension environnementale, de la dimension économique et de la dimension politique. Nous sommes au cœur du développement du Tchad, de la région, de l’Afrique et, je le crois, d’une grande partie de l’humanité. Voilà en effet, vous l’avez dit Monsieur le Président, la deuxième plus grande réserve d’eau d’Afrique qui, sous nos yeux, a diminué de moitié en l’espace de 20 ans. Les causes de cette réduction sont à trouver à la fois dans des raisons climatiques mais aussi dans les activités de l’homme. Il est légitime et utile que les experts analysent très précisément les raisons d’une telle réduction, et j’y reviendrai. Mais pour les populations concernées, pour les économies de la région et, je le crois, pour l’équilibre écologique de toute la planète, un bouleversement écologique d’une telle ampleur est tout simplement insupportable et des remèdes doivent y être apportés. Ces solutions sont à trouver par les Tchadiens, par les pays voisins, par la communauté internationale et, en tout premier lieu, les amis de l’Afrique, dont la France a le privilège de faire partie.
La préservation de ce bien public mondial que sont les réserves d’eau ne relève pas de quelque dogme écologique intransigeant et abstrait. C’est donc, avant tout, le sort des populations qui nous préoccupe. Ces populations qui trouvent dans le lac les moyens de leur vie, parfois de leur survie, mais qui ont su aussi s’adapter aux nouvelles conditions, car tel est le génie humain. Le retrait des eaux a pu faire que tel pêcheur est devenu agriculteur ou que tel nomade s’est sédentarisé. Or la relation que tissent les sociétés humaines avec leur environnement est complexe, fragile et parfois instable. Nous parlons d’une région où le risque de conflits liés à la raréfaction des ressources naturelles est une réalité. Nous parlons aussi d’une région où sévit une insécurité alimentaire récurrente. La France s’est mobilisée contre ce fléau partout où elle l’a pu, par ses actions propres comme au sein des enceintes internationales, notamment du G20, sous l’impulsion du président de la République.
Peut-être ce qui a manqué jusqu’à présent dans les projets de sauvegarde du Lac Tchad, c’est de ne pas avoir assez donné la parole à ces populations. Or, les nombreux projets que vous venez de nous présenter, Monsieur le Président, relèvent précisément de cette nouvelle approche, qui consiste à partir en premier lieu des besoins exprimés par les pays, les gouvernements bien sûr mais aussi la société civile et les communautés locales. L’appropriation, ce terme bien connu de la communauté du développement, reste souvent un concept bien abstrait. Or les projets qui nous ont été présentés sont des projets conçus par les Africains pour les Africains. Et la communauté des bailleurs le sait bien, car ils en ont fait un thème récurrent de leurs réunions sur l’efficacité de l’aide, ce sont ces projets-là qui ont les plus grandes chances de succès. Ce sont ces projets conçus au plus près des préoccupations des populations qui présentent le rapport coût-bénéfice le plus favorable et qui, dans le contexte budgétaire actuel, doivent être financés en priorité. C’est pour la France une conviction bien ancrée, qui découle des principes de la Déclaration de Paris et qui est désormais le fil directeur de notre politique de coopération.
Monsieur le Président,
Vous pouvez compter sur la France pour soutenir votre initiative et nous nous emploierons à mobiliser tous nos partenaires afin que chacun étudie de quelle manière il peut envisager aux projets qui nous ont été présentés. Je pense en particulier aux instances européennes où la France se mobilisera pour que les besoins des populations du bassin du Lac Tchad soient entendus, soient compris et soient traités. Il va de soi qu’il faudra que les bailleurs prennent le temps nécessaire pour étudier chacun des projets. Et si cet atelier de Marseille représente une avancée essentielle et, je crois, décisive, dans la mobilisation de la communauté des bailleurs, nous ne partons pas d’une feuille blanche. En particulier, la nécessité de procéder à des études détaillées sur les paramètres d’une gestion intégrée de la ressource en eau dans le bassin du Lac Tchad est indispensable. La France, à travers le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) travaille sur ces questions depuis plusieurs années, et j’ai le plaisir d’annoncer qu’un projet d’étude important vient d’être finalisé. La convention pourra en être signée à l’issue de la réunion. Elle porte sur une première tranche de financement à hauteur de 800 000 euros sur un projet total de 12 millions d’euros, qui comporte également des aspects portant sur la gouvernance de l’eau et le renforcement des capacités de la Commission du basin du lac Tchad (CBLT).
À travers ce geste et la mise en œuvre du premier des projets présentés aujourd’hui, la France témoigne qu’elle croit en la sauvegarde du Lac Tchad. Elle indique qu’elle prend à cœur le sort des populations locales et qu’elle est persuadée que l’action conjuguée des pays de la région comme des acteurs internationaux sauvera ce trésor naturel, qui se trouve en Afrique mais qui appartient à l’humanité tout entière. Voici quelques années déjà, la France s’est mobilisée, afin que la forêt, en particulier les forêts africaines, soit considérée comme un bien public mondial essentiel au regard du réchauffement climatique et fasse l’objet d’un traitement privilégié au sein de la convention climat. Un tel discours paraissait utopique. Mais progressivement se sont mis en place des mécanismes innovants qui encouragent la préservation de la forêt et contribuent à améliorer les conditions de vie des populations locales. Face aux défis du développement et de l’environnement, l’utopie du moment est parfois le réalisme du futur. C’est tout le sens de notre engagement en faveur des financements innovants. C’est donc pourquoi je suis si optimiste sur le succès de la mobilisation autour du Lac Tchad.
Monsieur le Président,
Grâce à cet atelier de Marseille, vous ne présentez pas une utopie mais vous proposez une espérance. Vous pouvez comptez sur la France pour être à vos côtés, et je suis sûr que nos partenaires européens nous suivront. Je salue aussi la présence des institutions financières des pays arabes dont l’engagement en faveur du développement est bien connu et qui connaissent si bien les sujets de la lutte contre l’aridité et la désertification. La réunion de tous ces acteurs est le signe qu’au cours de ce 6ème Forum mondial de l’eau de Marseille, qui se veut le «forum des solutions», toutes les solutions ne seront peut-être pas trouvées pour régler la question de l’accès à l’eau dans le monde, mais qu’en Afrique, une espérance s’est levée pour le Lac Tchad, grâce à votre conviction, Monsieur le Président, et cette espérance, la France la soutient et la partage.
Je vous remercie./.




6ÈME FORUM MONDIAL DE L’EAU
BASSIN DU NIGER
INTERVENTION
DU MINISTRE CHARGÉ DE LA COOPÉRATION,
HENRI DE RAINCOURT
(Marseille, 12 mars 2012)
Monsieur le Président de la République du Niger,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
C’est un grand plaisir pour moi de vous retrouver ici à Marseille lors de ce 6ème Forum mondial de l’eau, rendez-vous auquel je vous avais invité depuis Bamako, lors du forum sur la «solidarité pour l’eau dans les pays du bassin du Niger», qui s’y était tenu les 17 et 18 octobre dernier.
Cet événement a été un grand succès : un millier de participants venus du monde entier, la présence de quatre chefs d’État, de très nombreux ministres et des personnalités de haut niveau représentant les bailleurs et les organisations internationales.
Pourquoi le Bassin du Niger intéresse-t-il autant ?
D’abord, en raison des défis, qui restent immenses. Les neuf pays du Bassin du Niger comptent une population de 275 millions d’habitants, qui connaissent une très vive croissance démographique. Les besoins en matière d’accès à l’eau potable et à l’assainissement, mais aussi, ne l’oublions jamais, d’accès à la sécurité alimentaire, vont aller croissant, et ce de manière exponentielle, dans les prochaines années, alors que les besoins existants sont déjà considérables.
Dans cette région, les retards du continent africain au regard des Objectifs du Millénaire pour le Développement ne sont pas des seulement des statistiques, mais ce sont pour les populations des réalités quotidiennes douloureuses. Sans accès à une eau saine, comment améliorer la santé publique ? Sans accès facile à l’eau, comment libérer les femmes et les jeunes filles d’une corvée qui, pour être millénaire, n’en est pas moins insupportable ? Ces défis que connaît l’Afrique de l’Ouest avec une acuité particulière imposent la mobilisation de la communauté internationale, et bien sûr des Africains eux-mêmes.
C’est aussi une région où le lien entre environnement, développement et sécurité est une réalité tangible. Les conflits d’usage autour de l’eau ont vite fait d’aviver les tensions entre certains groupes de populations, dont ne manquent pas de profiter les extrémistes. En outre, là comme ailleurs sur le continent africain, les effets néfastes du changement climatique pèsent sur les populations, qui ont le sentiment que la croissance de certains pays se fait à leur détriment.
Mais le Bassin du Niger attire aussi l’attention par les réussites qui sont à l’œuvre. Au premier rang de ces réussites, je tiens à saluer l’Autorité du Bassin du Niger, organe de coopération régionale qui a prouvé son rôle indispensable. La France a soutenu l’ABN dès l’origine. Nous croyons en effet que si l’eau est parfois facteur de conflit, c’est aussi un puissant facteur de paix et de coopération.
La France s’est orientée très tôt dans la gestion par bassin et s’est convaincue, après avoir expérimenté diverses solutions, que les découpages politiques ou administratifs n’étaient pas les plus pertinents pour la gestion partagée de l’eau. De plus, nous avons aussi compris, avec le temps, la nécessité d’associer l’ensemble des acteurs à la gestion de ce bien public.
Or, ce qui vaut au sein d’un pays vaut aussi au sein d’une région du monde. L’eau ne connaît pas les frontières, et si comme le dit Blaise Pascal les «rivières sont des chemins qui marchent», elles n’ont pas besoin des cartes dessinées par les hommes pour savoir où aller. C’est pourquoi la coopération régionale autour des cours d’eau transfrontaliers revêt de tels enjeux. C’est pour les pays un enjeu de paix, c’est pour leur population un enjeu de développement. C’est pour ces raisons que l’entrée en vigueur de la convention des Nations unies de 1997 doit être une priorité partagée par le plus grand nombre possible de pays.
Et je n’oublie pas non plus le rôle essentiel des cours d’eau dans la production d’électricité, alors que nous nous sommes mobilisés au sein du G20 autour de ces projets d’infrastructures dont le continent a si grand besoin.
La réunion de Bamako, organisée par la Fondation Chirac et accueillie par le président Amadou Toumani Toure, a permis des avancées significatives sur l’ensemble de ces questions. Je ne reviendrai pas sur l’ensemble des résultats de cette conférence, mais je voudrais en souligner quelques uns.
Tout d’abord, j’ai été très impressionné par la clarté des propos tenus sur les financements par les Africains. L’idée que les pays bénéficiaires de l’aide internationale apportent les financements initiaux aux projets qu’ils ont eux-mêmes conçus, en écoutant les besoins des populations locales, et en associant les bailleurs internationaux à des réalisations inscrits dans la réalité du terrain, a recueilli un large consensus. C’est une approche qui se situe dans la droite ligne des principes de la Déclaration de Paris, et je salue l’engagement des pays africains qui consacrent un part croissante de leurs budgets nationaux à l’accès à l’eau et à l’assainissement. Cela ne veut pas dire, bien au contraire, que l’aide internationale doive reculer. Comme vous le savez, la France, malgré la dureté des temps, a maintenu l’intégralité de son budget d’aide au développement. Nous consacrons chaque année des montants très importants, plus de 600 millions d’euros, à l’accès à l’eau et à l’assainissement. En outre, chacun connaît notre mobilisation en faveur des financements innovants pour le développement, et nous sommes fiers d’avoir été rejoint dans ce combat par nos partenaires africains, en particulier le Mali qui joue un rôle moteur sur ces questions.
L’eau est un secteur où, je crois, nous pouvons avancer rapidement à partir des dispositifs innovants qui existent déjà, en France avec la loi de 2005 qui permet aux collectivités et aux agences de l’eau d’affecter 1 % de leur budget à des projets de coopération portant sur l’eau, ou d’autres mécanismes tout aussi intéressants qui existent chez certains de nos voisins européens.
L’importance de la coopération décentralisée a été aussi soulignée lors de la réunion de Bamako. En tant qu’élu local moi-même, je suis sensible à cette forme de coopération qui prend particulièrement en compte les réalités et les besoins concrets des populations.
La question de la sécurité alimentaire a aussi été largement traitée. Malheureusement, depuis le mois d’octobre, les perspectives sur ce sujet restent très préoccupantes dans plusieurs régions du continent africain, en particulier au Sahel. La France se mobilise pour répondre aux crises de l’urgence, mais nous sommes persuadés qu’un travail de fond doit être mené entre les États de la région et les partenaires internationaux afin de faire reculer ce fléau insupportable de la faim et de la malnutrition. Des avancées que l’on ne pensait pas possibles ont été obtenues durant notre présidence du G20, portant notamment sur la constitution de stocks alimentaires. Mais à long terme, chacun voit bien que le lien entre les sujets de l’eau, de l’agriculture mais aussi de l’énergie sera déterminant pour répondre aux besoins des 2 milliards d’habitants que comptera le continent africain en 2050. Ce sont des sujets importants qui devront être traités lors du sommet de «Rio +20».
Face à ces défis, vous pouvez compter sur la France pour se tenir aux côtés de ses amis du Bassin du Niger. Nous vous aiderons, nous vous ferons bénéficier de notre expérience et de notre expertise dans certains domaines. Mais aussi, nous vous écouterons et nous apprendrons de vous, car le succès de la coopération régionale que vos pays mettent en œuvre sous nos yeux, afin de gérer et partager l’eau, cette ressource si précieuse, est une grande leçon pour toute l’Afrique et je le crois, pour le monde.
Je vous remercie./.




"PRINTEMPS ARABES"
CONSEIL DE SÉCURITÉ DES NATIONS UNIES
POINT DE PRESSE
DU MINISTRE D’ÉTAT,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
ET EUROPÉENNES,
ALAIN JUPPÉ
(New York, 12 mars 2012)
- en français et en anglais -
Mesdames et Messieurs,
J’ai souhaité aujourd’hui devant le Conseil de sécurité apporter deux messages.
Tout d’abord un message de soutien aux peuples arabes, à ce qu’il est convenu d’appeler le ou les «printemps arabes». C’est un mouvement profond d’inspiration à la liberté et à la démocratie. C’est une chance aux yeux de la France et nous soutenons donc ces mouvements tout en étant bien conscients des difficultés que tout processus de transition, tout processus révolutionnaires - puisque dans certains de ces pays il s’agit bien d’une révolution - comportent. Il faudra du temps et nous sommes décidés à accompagner les mouvements et, notamment, apporter l’aide économique qui permettra à ces pays de surmonter mes difficultés auxquelles ils ont à faire face.
Et puis, mon second message concerne la Syrie : il faut arrêter le massacre dont la responsabilité incombe à Bachar Al-Assad et à son armée. Nous sommes tout à fait décidés à travailler à un nouveau projet de résolution qui exigerait l’arrêt immédiat des violences et un accès humanitaire immédiat, mais sous certaines conditions.
La première de ces conditions, c’est que nous n’accepterons pas que soient mis sur le même plan les oppresseurs et les victimes. Au début de ces événements, les manifestants ont exprimé leur aspiration à la liberté de manière pacifique et c’est le régime qui a utilisé la violence pour les réprimer. Les responsabilités doivent être clairement établies.
En deuxième lieu, ce que nous n’accepterons pas, c’est qu’on gèle la situation politique par une sorte de statu quo de fait. Il est très important que le processus politique proposé par la Ligue arabe, qui doit conduire à un gouvernement d’union nationale et à une feuille de route débouchant sur des élections, ne soit pas perdu de vue et c’est que nous attendons de la part de l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies et de la Ligue arabe, M. Kofi Annan, dont nous soutenons bien sûr la mission.
This morning I sent two main messages. The first one is the support that France gives to the Arab people and to the so-called Arab Spring. This aspiration to freedom and to democracy is a great hope for Arab countries. We are perfectly aware that any transitional process is difficult, it takes time and there are some risks but we are ready to support this important movement towards freedom and our support will be especially an economic one in the framework of the Deauville partnership that the French President launched last year and that is now implemented by the American President.
My second message is that we are ready to support a new resolution paving the way to a cease-fire and to the stop of the violence provided that the treatment of both sides is not equal because of the responsibility of the regime. We don’t want to put at the same level the oppressor and the victims.
The second point for us, which is a red line, is that we want of course a cease fire, humanitarian access but at the same time a political process, Syrian-led and leading to free elections that take into account the aspiration of the Syrian people to freedom and democracy.
Q - Mister Minister, are you trying to negotiate the five points agreed between Lavrov and the Arab league to put it in a Security Council resolution ? And if so, is it your understanding that the terms of reference of Mr Kofi Annan are the detailed positions of the Arab League including January 22nd meeting that this is a negotiated political process of transition, can you clarify your understanding ?
We will instruct our representative here in New York to continue the discussion about the draft resolution. I listened very attentively to what Sergueï Lavrov said this morning and I found that his statement on the fifth point remains ambiguous. We need a clear reference to the Arab League’s plan and to the General Assembly resolution - I remind that the mission given to Kofi Annan is in the framework of this General Assembly resolution. For us it is very important point, this resolution supports, endorses, welcomes the Arab League’s plan.
Q - Sur la Syrie, est-ce qu’on peut imaginer, comme le suggère l’Allemagne, de s’inspirer de l’expérience du Yémen où le chef d’Etat a fini par partir en vertu d’un accord de transition qui lui accordait l’immunité ?
Je sais que c’est ce qu’on appelle «la solution yéménite». Je vous renvoie à la proposition de la Ligue arabe, du 22 janvier dernier, qui s’inspire effectivement de cette démarche puisqu’elle prévoit que le président syrien devrait se mettre à l’écart, que son vice-président engage un processus politique conduisant à un gouvernement de transition et à des élections. On peut effectivement considérer que l’on s’inspire de ce qui a donné aujourd’hui des résultats positifs au Yémen.
Q - Monsieur le Ministre, le Conseil de sécurité est toujours bloqué, et Serguei Lavrov l’a encore confirmé ce matin. Aujourd’hui certains pays sont-ils tentés de fournir des armes aux rebelles, et parle-t-on dans les négociations ?
R - Nous avons tous exclu - je veux parler des pays européens en tout cas, et pour ce qui concerne la France - toute dimension militaire à notre intervention.
Q - Mister Foreign minister, last week a French diplomat criticized the current draft resolution on Syria as being weak, do you feel that it has been sufficiently strengthened so that you could support it ?
R - I mentioned our two red lines. The first one is the responsibility of the regime in the process of the cease fire. The initiative must come from the regime and then immediately of course, the other groups in Syria must cease any violence. The second red line, I mentioned it very clearly, very precisely, is a reference to a political process. We cannot just say that violence must cease and humanitarian access must be guaranteed. We also must take into account the aspirations of the Syrian people to freedom and to democracy.
Q - Mister Foreign Minister, now it looks like you are not going to be able to pass the Russian obstacle here in the Security Council, from what we observed, do you see the Security Council as the only place that can decide on Syria, or do you think that places like the «Friends of Syria» that had a meeting in Tunisia, can do some other things ?
R - The place where the issue of peace and security, not only in the region but also in the world, has to be discussed is the Security Council. That is why we hope, we are waiting for a resolution of the Security Council, and we urge the countries which vetoed the resolution, China and Russia, to take into account the new developments, and especially the mission of Kofi Annan. But there are other places where we are active and especially we are preparing the next meeting of the «Group of the Friends of Syria» which will take place in Ankara. I personally wish that this meeting could take place as soon as possible, within two or three weeks, before the end of March, because it is a place where the international pressure, on the regime and on all the international actors must be the strongest.
Q - Russia and China seemed to be referring back to Libya in the debate, Russia said «don’t mislead the international community» and China said «don’t exceed mandates or resolutions», which might refer to NATO bombings and the arming of some rebels in Libya. Do you think that decisions made by NATO and also by France itself on Libya have provided support to them, or are a pretext, or have an effect on this debate ?
R - As I have said this morning in my speech, France is proud of its intervention in Libya. We have saved thousands of lives, we have protected the population of Benghazi and we have applied the resolution of the Security Council very strictly, in our mind. It is rather indecent to try to condemn this intervention and at the same time to block, to veto a resolution in Syria just at the moment when the regime is killing hundreds and hundreds of victims. I hope everybody will be consistent with its own statements.
Thank you very much./.




«PRINTEMPS ARABE»
CONSEIL DE SÉCURITÉ DES NATIONS UNIES
POINT DE PRESSE
DU MINISTRE D'ÉTAT,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
ET EUROPÉENNES,
ALAIN JUPPÉ,
AVEC LA PRESSE FRANCOPHONE
(New York, 12 mars 2012)
Au cours de la réunion du Conseil de sécurité et des contacts que nous avons eus en P3 ou avec l’ensemble des ministres qui assistaient à la réunion du Conseil de sécurité, j’ai pu exprimer deux messages. D’abord dire combien la France soutenait ce qu’il est convenu d’appeler les «printemps arabes». C’est un mouvement profond qui traverse l’ensemble des pays arabes dans des conditions certes différentes selon les pays : très pacifiquement au Maroc ou en Jordanie par exemple ; dans une transition un peu plus difficile en Tunisie ou en Égypte ; après les événements qu’on connait en Libye et, évidemment j’y reviendrai, dans une situation dramatique en Syrie.
L’ensemble de ces mouvements est une chance extraordinaire. C’est une vraie révolution qui traverse tout le sud de la Méditerranée. S’agissant d’une aspiration profonde des peuples à la liberté et à la démocratie, nous y retrouvons une valeur fondamentale. C’est la raison pour laquelle nous les soutenons, comme j’ai eu l’occasion de le dire récemment encore, au Maroc ou en Tunisie.
Bien sûr, il y a des risques ; bien sûr il n’existe pas de processus révolutionnaire qui soit parfaitement tranquille ; bien sûr la transition peut être longue, mais ce n’est pas une raison pour ménager notre soutien à ces pays, notamment dans le domaine économique, puisque le succès de ces transitions dépendra en grande partie de la capacité de ces pays à retrouver un rythme de développement économique soutenu. C’est la raison pour laquelle nous sommes particulièrement attentifs à la mise en œuvre du Partenariat de Deauville que la France avait lancé au moment de sa présidence du G8. Je voudrais aussi insister - mais il faut trouver un accord avec nos partenaires européens sur ce point - sur l’idée que pour nous il ne saurait y avoir d’incompatibilité de principe entre islam et démocratie. Il y a des dérives de l’islam, il y a des extrémismes, il y a du fondamentalisme bien sûr, mais nous souhaitons dialoguer avec ceux qui considèrent que l’islam est parfaitement compatible avec les valeurs universelles que nous défendons.
Le deuxième message concerne la Syrie. J’ai eu l’occasion de dire, à plusieurs reprises, combien le silence du Conseil de sécurité était scandaleux et laisse se perpétrer un véritable massacre en Syrie. Après Homs qui a été écrasée sous les bombes, ce sont d’autres villes syriennes maintenant qui font l’objet de cette répression sauvage du régime. Nous cherchons donc par tous les moyens à arrêter ce carnage. Nous continuons à travailler à la préparation de la prochaine réunion du Groupe des Amis du peuple syrien qui se tiendra à Istanbul. Nous travaillons aussi à rassembler et à soutenir l’opposition qui, tant qu’elle sera divisée, ne pourra évidemment pas atteindre ses objectifs. Nous soutenons à fond la mission de Kofi Annan dans le cadre du mandat qui lui a été donné sur le fondement de la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies.
Et puis nous travaillons à une résolution du Conseil de sécurité qui pose encore deux problèmes selon nous. D’abord, nous ne pourrons pas accepter que, dans cette résolution, l’on renvoie dos à dos ou que l’on place exactement sur le même plan un régime qui réprime et des protestataires qui se défendent contre la répression de ce régime. Il faut donc que l’initiative du cessez-le-feu revienne au régime. Nous appellerons alors évidement toutes les parties à cesser immédiatement les violences.
Deuxième point : il est très important pour nous dans cette résolution qu’à côté du cessez-le-feu et de l’accès de l’aide humanitaire, on fasse aussi référence à la nécessité d’une solution politique s’inspirant du plan de la Ligue arabe, tel qu’il a été endossé par la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies que j’évoquais tout à l’heure.
Kofi Annan a fait des propositions à Bachar al-Assad. La réponse devrait venir dans les 48 heures. Il sera important à ce moment là de poursuivre notre concertation au sein du Conseil de sécurité, notamment entre membres permanents, pour en tirer les conséquences sur le projet de résolution sur lequel nous travaillons.
Q - Mme Clinton a parlé du plan en cinq points dans lequel n’est pas évoquée la transition politique. Que pensez-vous de ce plan ?
R - Le cinquième point porte sur la recherche d’une solution et affirme la confiance au Représentant spécial du Secrétaire général, dans le cadre du mandat qui lui a été confié, pour mettre en œuvre «a political dialogue between the government and all political opposition, according to the Arab League and to the United Nations General Assembly».
Donc, on vise la Ligue arabe et la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies. La mention qui m’importe y est, avec une ambigüité, disons les choses comme elles sont. Il n’est pas dit très clairement dans ces cinq points qu’il s’agit du plan du 22 janvier de la Ligue arabe ni qu’il s’agit de la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies. La mention qui est faite de la Ligue arabe et de l’Assemblée générale est, pour nous, vraisemblablement insuffisante.
Q - Mais c’est justement sur cette ambigüité que jouent les Russes...
R - Que ce soit ambigu, vous avez raison. Vous avez commencé par me dire qu’il n’y avait aucune mention dans les cinq points du plan de transition de la Ligue arabe. Je vous réponds en disant qu’il y a bien une mention mais qu’elle ne me satisfait pas pleinement parce qu’elle reste encore imprécise. Elle se borne à parler de la Ligue arabe et de l’Assemblée générale des Nations unies sans aller davantage dans le détail.
Q - Accepteriez-vous un accord entre la Russie et la Ligue arabe qui se contenterait de ces simples références ?
R - Je vous ai dit ce que j’en pensais. Pour moi, le cessez-le-feu et l’aide humanitaire sont évidemment des priorités. Il faut arrêter le massacre, mais pas au prix d’une absence de référence à ce qui me paraît absolument indispensable aussi, c’est-à-dire un règlement politique s’inspirant du plan de la Ligue arabe et de la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies. Je voudrais quand même rappeler que formellement la mission de Kofi Annan s’appuie sur un mandat qui lui-même résulte de la résolution de l’Assemblée générale. Pour moi, les mots ont un sens, et les mandats ont un sens aussi.
Q - Vous avez parlé de la mission de Kofi Annan. Malgré deux rencontres avec Assad, les violences se poursuivent. Comment voyez-vous la suite ?
R - Si l’on changeait d’avis à chaque fois qu’il y a difficulté, on risquerait de perdre le Nord. Donc nous continuons à soutenir la mission de Kofi Annan en étant bien conscients des difficultés qu’il rencontre. Comme je vous l’ai dit, il a donné 48 heures à Bachar el-Assad pour répondre aux propositions qu’il lui a faites. Attendons de voir la réponse avant de savoir quelles conclusions en tirera Kofi Annan.
Q - Vous avez rappelé les responsabilités du Conseil de sécurité vis-à-vis de la tragédie syrienne, en estimant qu’elle pourrait présenter un danger pour la stabilité du Liban. Il y a eu au Liban des exploitations politiciennes, notamment du flot de réfugiés, par le Hezbollah. Que pouvez-vous nous dire sur ce que vous redoutez concrètement ?
R - Si la Syrie devait être déchirée par une guerre civile, ce qui ne manquera pas d’arriver si nous n’arrivons pas à nous mettre d’accord sur une résolution portant sur les trois points que j’ai indiqués tout à l’heure, c’est-à-dire le cessez-le-feu, l’aide humanitaire et le processus conduisant à un règlement politique, il est évident que les conséquences sur le Liban seraient immédiates et extrêmement dangereuses. Ce à quoi nous sommes très attentifs aujourd’hui est l’afflux de réfugiés au Liban. Nous souhaitons que les réfugiés syriens soient convenablement traités. Je l’ai dit au Premier ministre libanais et nous avons demandé au gouvernement libanais d’assurer la protection des réfugiés syriens. Nous soutenons bien sûr l’intégrité et la souveraineté du Liban.
Je crois que ce qui rend nécessaire une résolution du Conseil de sécurité, c’est que la situation en Syrie aujourd’hui est une menace pour la paix et la stabilité de l’ensemble de la région. Ce n’est pas simplement un problème intérieur à la Syrie, c’est aussi une menace de déstabilisation pour toute la région. C’est la raison pour laquelle le Conseil de sécurité doit se prononcer. J’ai déjà dit à plusieurs reprises que son silence était scandaleux. Je crois que la prise de conscience se fait de plus en plus forte et qu’il y a une exigence de plus en plus forte d’arriver à une résolution. J’espère que nous pourrons, dans les jours qui viennent, convaincre tous ceux qui on bloqué jusqu’à présent cette résolution de trouver une base d’accord avec nous.
Q - Vous avez évoqué la saisine de la Cour pénale internationale. Comment l’envisagez-vous ?
R - Vous savez quelles sont les règles : la Syrie n’est pas partie prenante au statut de la Cour pénale, il faut donc que se soit le Conseil de sécurité qui décide de saisir la Cour pénale. Ce que j’ai dit, en me fondant sur les constats du Conseil des droits de l’Homme qui a été très explicite et qui a évoqué des crimes contre l’humanité, c’est que nous réunirions les éléments de preuve permettant d’aboutir à la saisine de la Cour pénale internationale par le Conseil de sécurité puisque c’est la seule procédure qui est aujourd’hui disponible.
Q - Il y a un mois et demi vous évoquiez les différences entre Russes et Chinois. Est-ce que vous voyez une différence apparaître aujourd’hui ?
R - Millimètre par millimètre, certaines déclarations chinoises paraissent montrer que la Chine semble s’interroger. Pour l’instant cela ne s’est pas concrétisé, on verra au moment de la finalisation de la résolution dans les prochains jours.
Q - Vous parlez d’un plan en trois points. Il prévoit une transition politique, mais l’opposition est divisée. Comment comptez-vous vous y prendre ?
R - Ce n’est pas un plan en trois points, ce sont les trois éléments que nous souhaitons voir figurer dans toutes résolutions du Conseil de sécurité. Nous souhaitons aider l’opposition à se structurer et à se rassembler. Nous avons déjà reconnu au Conseil national syrien la qualité d’interlocuteur valable. C’est aussi à l’opposition de se décider. Si elle ne s’unit pas, elle n’atteindra pas ses objectifs. C’est une règle absolue quand on est dans une telle situation historique. Si on n’est pas capable de surmonter ses divisions, pour créer véritablement une unité dans l’adversité, il ne faut pas espérer gagner. Je lance un appel à l’opposition pour qu’elle se rassemble, pour qu’elle soit aussi inclusive que possible. Des progrès ont été faits, des représentants de la communauté alaouite, des représentants de la communauté chrétienne ont été intégrés dans le Conseil national syrien. Des progrès restent à faire. Nous ne pouvons pas régler tous les problèmes à la place des gens. C’est d’abord aux Syriens eux-mêmes et à l’opposition syrienne de savoir si elle capable ou pas de se fédérer.
Q - Je souhaite revenir sur cette idée d’ambigüité. Peut-on envisager une évolution de langage dans le discours de la France dans laquelle tout en continuant à parler de transition politique on ne parle plus de transfert du pouvoir ?
R - La position de la France est claire. Nous souhaitons qu’il soit clairement fait référence au plan de règlement politique de la crise adopté par la Ligue arabe et endossé par la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies, résolution qui constitue le mandat de M. Kofi Annan. A partir de là on va voir comment évoluent les discussions.
Q - L’opposition a indiqué qu’un ancien ministre de la Défense syrien, le général Mustapha Tlass, était à Paris. S’agit-il d’une défection ?
R - Je n’ai pas d’indication plus précise sur ce point mais je constate que les défections se multiplient.
Q - On a l’impression d’une division naissante au sein du camp occidental. Par ailleurs, les Russes négocient directement avec la Ligue arabe... Le front se fissure ?
R - Je ne pense pas et j’ai observé ce matin qu’entre Hillary Clinton, William Hague, Guido Westerwelle, Paulo Portas et moi-même, il y avait une similitude de vue. Cela dit, la position de la France est particulièrement claire, c’est vrai.
Q - Vous venez de déjeuner avec le ministre russe Sergueï Lavrov. Vous avez des raisons d’espérer ?
R - Ici à New York, dans ce contexte on est forcement optimiste. Je veux avoir des raisons d’espérer mais il faut que je me force beaucoup. Je crois que ce qui est clair, et il l’a dit ce matin dans son propos, c’est que M. Lavrov reconnait que le régime porte une lourde responsabilité dans l’évolution de cette tragédie. Il a parlé je crois de «huge reponsibility». Ce qui est clair aussi c’est que son contact avec la Ligue arabe l’a conduit à évoquer une solution politique portée par l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies dans le cadre de ce qu’ont proposé la Ligue arabe et l’Assemblée des Nations unies. Est-ce que c’est une ouverture ? On verra comment cela se concrétise au moment où il faudra finaliser une résolution. Il y a peut être un petit mouvement.
Q - Ce matin le Conseil national syrien a appelé à une intervention militaire urgente. Craignez-vous que ce genre de demande établisse un parallèle avec la Libye et attise les antagonismes avec la Russie ?
R - Tout d’abord, j’ai dit ce que je pensais de l’intervention en Libye. Je suis fier de ce que nous avons fait en Libye. Les critiques à l’égard de cette intervention sont injustifiées. La Libye est dans une situation aujourd’hui difficile mais c’est une raison supplémentaire pour aider les autorités libyennes à progresser à la fois dans la réintégration des milices dans l’armée officielle libyenne et également à reconstruire son État et son économie. Donc, sur la Libye je n’ai pas le moindre état d’âme. En ce qui concerne la Syrie, j’ai expliqué à de nombreuses reprises qu’on était dans un contexte radicalement différent et que l’option militaire était écartée. Sur ce point, il y a également unanimité entre les membres européens du Conseil de sécurité, et même avec les États-Unis et évidemment avec la Russie.
Q - Qu’est-ce qui bloque aujourd’hui pour parvenir à un accord, une action du Conseil de sécurité sur la Syrie ?
R - Deux choses. Nous avons deux désaccords encore, qui peuvent se réduire, mais qui ne le sont pas complètement aujourd’hui.
Le premier point, c’est que le gouvernement français ne peut pas accepter que l’on place exactement sur un même plan un régime qui a pris l’initiative de cette répression sauvage et les opposants. N’oublions pas qu’au début il s’agissait de manifestations pacifiques pour la liberté et la démocratie et que le régime n’y a pas répondu, sinon par la force. Aujourd’hui, il y a des gens qui se battent, c’est vrai, pour certains d’entre eux avec des armes, tout simplement parce qu’ils se protègent. Nous tenons beaucoup à ce que dans le projet de résolution, il y ait d’abord un acte des autorités syriennes pour suspendre les violences et, bien sûr, ensuite immédiatement, la cessation de l’ensemble des violences sur le territoire syrien.
La deuxième chose extrêmement importante, c’est qu’on ne peut pas se contenter d’un cessez-le-feu et d’un accès de l’aide humanitaire. C’est absolument capital et urgent, mais il faut aussi engager un processus politique sinon le grand mouvement d’aspiration populaire à la liberté et à la démocratie sera ignoré et bafoué et nous ne pourrions pas l’accepter.
Voilà les deux points sur lesquels il nous faut encore avancer pour mettre au point une résolution du Conseil de sécurité. Je pense qu’il serait raisonnable d’attendre que Kofi Annan fasse un premier point d’étape sur la mission qui lui a été confiée pour aller plus loin.
Q - La France accepterait-elle un résultat qui permettrait à la fois un dialogue politique et à la fois à Assad de rester président ?
R - Ce sur quoi nous nous sommes mis d’accord aujourd’hui est justement ne pas anticiper sur la fin des négociations qui appartient aux Syriens eux-mêmes. Il faut que ce processus de négociation soit conduit par les Syriens. Ce que nous voulons, c’est que la communauté internationale le lance et l’encadre en conformité avec les propositions qui ont été mises sur la table par la Ligue arabe. Pour le reste, personne n’a à imposer aux Syriens un modèle, c’est à eux d’en décider au terme de ce processus.
Q - C’était la énième réunion sur la Syrie au Conseil de sécurité, est-ce que finalement au bout du compte le Conseil de sécurité n’a pas fait la preuve de son caractère non pertinent sur la Syrie ?
R - J’ai déjà eu l’occasion de dire que le silence du Conseil de sécurité était une forme de scandale et une tâche morale sur les Nations unies. Ce n’est pas une raison pour renoncer. Donc, continuons.
Q - Est-ce que l’élection de Vladimir Poutine vous laisse espérer un changement dans l’attitude de la Russie dans ce dossier ?
J’ai eu l’occasion de le dire, Sergueï Lavrov a indiqué que cela n’avait aucun lien. On va voir./.




POINT DE PRESSE
DU PORTE-PAROLE
DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
ET EUROPÉENNES
- VISITE DE MME VESNA PUSIC,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE CROATIE
- DÉPLACEMENT DE M. EDOUARD COURTIAL,
SECRÉTAIRE D’ÉTAT
CHARGÉ DES FRANÇAIS DE L’ÉTRANGER,
EN RÉPUBLIQUE TCHÈQUE
- FORUM MONDIAL DE L’EAU DE MARSEILLE
- ARRÊT DES VIOLENCES À GAZA ET DANS LE SUD D’ISRAËL
- AIDE FRANÇAISE DE 10 MILLIONS D’EUROS
AUX TERRITOIRES PALESTINIENS
ET DE 10 MILLIONS D’EUROS
POUR L’USINE DE DESSALEMENT DE GAZA
- HONDURAS-ASSASSINAT D’UN JOURNALISTE
- LIBAN-REVUE STRATÉGIQUE DE LA FINUL
- CORÉE DU NORD-CORÉE DU SUD
- SYRIE
(Paris, 13 mars 2012)
Au point de presse de ce jour, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères et européennes a fait les déclarations et a répondu aux questions suivantes :
1 - Visite de Mme Vesna Pusic, ministre des Affaires étrangères de Croatie (Paris, 14 mars)
Mme Vesna Pusic, ministre des Affaires étrangères et européennes de la République de Croatie, se rendra à Paris le 14 mars 2012. Elle sera reçue par le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères et européennes, M. Alain Juppé, et par le ministre chargé des Affaires européennes, M. Jean Leonetti.
Après le succès, le 22 janvier, du référendum en Croatie sur l’adhésion à l’Union européenne, et au lendemain de la ratification du traité d’adhésion par le parlement croate vendredi 9 mars, les entretiens porteront avant tout sur la mise en œuvre du processus de suivi des réformes engagées par la Croatie en vue de son adhésion effective, prévue le 1er juillet 2013.
Lors de l’entretien avec le ministre d’État, seront aussi évoquées les questions internationales, notamment la situation en Syrie et le programme nucléaire iranien.
Quelques jours après la décision du gouvernement croate d’accorder à un consortium français (ADP, Bouygues) la gestion de l’aéroport de Zagreb et la construction d’un nouveau terminal, les ministres s’entretiendront également de sujets bilatéraux, telle que la tenue de la prochaine saison culturelle croate en France, à l’automne 2012, ainsi que le développement du partenariat stratégique entre nos deux pays.
2 - Déplacement de M. Édouard Courtial, Secrétaire d’État chargé des Français de l’étranger, en République Tchèque (14-15 mars 2012)
M. Édouard Courtial, Secrétaire d’État chargé des Français de l’étranger, se rendra en République Tchèque les 14 et 15 mars 2012.
À Prague, le 14 mars, il se rendra au Sénat où il aura des entretiens avec la délégation chargée des Tchèques de l’étranger. Il visitera le lycée français de Prague qui accueille plus de 700 élèves où il inaugurera un nouveau bâtiment pour les classes maternelles et primaires. Il rencontrera la communauté française qui compte près de 3.000 personnes inscrites au registre des Français établis hors de France.
Le 15 mars, M. Édouard Courtial rencontrera la communauté française d’affaires et il visitera le consulat. Au lycée Jan Neruda, il présidera la première cérémonie de remise du label FrancEducation, label attribué aux établissements qui offrent, dans le cadre de leurs programmes nationaux, des sections bilingues francophones d’excellence et contribuent au rayonnement de l’éducation, de la langue et de la culture françaises.
3 - Forum mondial de l’Eau de Marseille (13 mars)
M. Henri de Raincourt, ministre chargé de la Coopération, présidera, au nom de la France, la session ministérielle puis la conférence de presse qui s’ensuivra mardi 13 mars à 16h30.
À la conférence de presse se tiendront à ses côtés plusieurs personnalités internationales du monde de l’eau :
- M. Bai-Maas Taal, Secrétaire exécutif du Conseil des Ministres africains de l’Eau, Gambie ;
- M. Jose Luis Luege Tamargo, Directeur Général de Conagua (Agence de l’eau mexicaine), Mexique ;
- Mme Eun-Kyung Park, Gouverneur du Conseil Mondial de l’Eau, Corée ;
- Mme Martine Vassal, Adjointe au Maire de Marseille, France ;
- M. Sujiro Seam, Président de la Commission politique du 6ème Forum Mondial de l’Eau, France.
À cette occasion, M. Henri de Raincourt présentera les priorités politiques retenues par les pays, axées sur l’action.
Plus de 130 pays devraient adopter la Déclaration ministérielle.
Le ministère des Affaires étrangères et européennes coordonne le processus de mobilisation politique du Forum.
4 - Arrêt des violences à Gaza et dans le sud d’Israël
La France salue les efforts de médiation menés par l’Égypte en faveur de l’arrêt des violences à Gaza et dans le sud d’Israël. Je vous rappelle que, dès samedi, nous avions condamné ces violences.
Nous appelons les parties à respecter le cessez-le-feu, afin d’éviter tout nouveau risque d’escalade préjudiciable pour les populations civiles.
5 - Aide française de 10 millions d’euros aux Territoires palestiniens et de 10 millions d’euros pour l’usine de dessalement de Gaza
Comme le Premier ministre l’a annoncé hier à son homologue palestinien M. Salam Fayyad, lors de leur entretien en marge du Forum mondial de l’eau à Marseille, la France a décidé de transférer dix millions d’euros d’aide budgétaire à l’Autorité palestinienne. Cette aide vient s’ajouter aux neuf millions d’aide budgétaire récemment versés au Trésor palestinien, via la Banque mondiale, au titre de l’année 2011.
Cette aide est le signe de la confiance que nous accordons à l’Autorité palestinienne dans son remarquable travail de réformes et de transparence, que nous saluons. Les résultats de cette entreprise permettent aujourd’hui d’affirmer que l’Autorité palestinienne est prête à devenir un État fonctionnel et viable. La France, qui aura versé 105 millions d’euros à l’Autorité palestinienne pour la seule aide budgétaire depuis la conférence internationale des donateurs pour l’État palestinien organisée à Paris en décembre 2007, est fière de soutenir ces efforts.
La France saisit cette occasion pour appeler l’ensemble des donateurs à l’Autorité palestinienne, notamment les États-Unis et les pays du Golfe, à se remobiliser et soutenir davantage l’Autorité palestinienne, à l’heure où celle-ci connaît une situation financière très délicate.
Israël doit également aider l’Autorité palestinienne à augmenter ses recettes propres et diminuer sa dépendance à l’aide extérieure, notamment en mettant en œuvre dès maintenant l’accord conclu l’été dernier visant à améliorer la collecte des droits et taxes perçus pour le compte de l’Autorité palestinienne, mais aussi en facilitant de manière déterminée le développement économique, tant en Cisjordanie qu’à Gaza.
Le Premier ministre a également annoncé à M. Salam Fayyad que la France contribuerait à hauteur de dix millions d’euros au projet d’usine de dessalement de Gaza. Ce projet revêt une importance particulière, à la fois parce qu’il permettra d’améliorer significativement la situation des habitants de Gaza, où la question de l’eau est cruciale, et aussi car il s’agit du premier projet labellisé par l’Union pour la Méditerranée.
Q - En ce qui concerne la situation économique de l’Autorité palestinienne, vous avez indiqué des chiffres importants mais il y a toujours un blocage entre l’Autorité palestinienne et Israël quant au Protocole économique de Paris. Les Palestiniens ne peuvent pas faire bouger les choses. Comme cet accord a été signé à Paris, n’y-a-t-il pas une possibilité pour les autorités françaises d’améliorer la situation ? L’argent adressé aux Palestiniens va en fait directement aux Israéliens et la situation économique est catastrophique. Malgré l’intelligence de M. Fayyad, elle ne peut pas faire de miracle.
R - M. Fayyad est non seulement intelligent mais il est aussi déterminé et remarquablement actif et efficace depuis des années. Nous avons mené, en particulier, notre collègue, l’ambassadeur M. Duquesne qui est chargé du suivi de la Conférence de Paris depuis 2007, un travail avec M. Fayyad tout à fait remarquable. Les résultats sont là. Ils ne sont pas là par hasard. Ces résultats sont le fruit de deux efforts qui ont été menés, qui se sont rencontrés et qui se sont appliqués sur le terrain.
Le premier, cela a été les propres efforts des Palestiniens. Effectivement, les Palestiniens depuis des années que ce soit en matière de réformes administratives, de gouvernance, d’augmentation des performances de la fiscalité palestinienne, de formation des cadres ont fait un travail tout à fait remarquable.
L’autre mobilisation qui a rejoint la première, c’est celui de la communauté internationale et en particulier, la mobilisation de la France. J’ai rappelé des chiffres qui veulent dire quelque chose : 105 millions d’euros donnés par la France à l’Autorité palestinienne au cours des dernières années, c’est-à-dire depuis décembre 2007. Les annonces de deux fois 10 millions d’euros que nous avons fait aujourd’hui sur des projets qui sont importants : d’abord une aide budgétaire à l’Autorité palestinienne, d’autre part, le financement de cette usine de dessalement d’eau de mer pour améliorer, parce que c’est crucial, l’approvisionnement en eau et en eau potable de la bande de Gaza.
Dans cette affaire-là, et c’est ce que j’ai rappelé aujourd’hui, tout le monde doit prendre ses responsabilités. C’est le sens de l’appel que nous lançons également aux autres qui peuvent contribuer, c’est-à-dire aux Américains notamment et aux Pays du Golfe également qui ont des capacités de financement et qui doivent continuer de participer à cet effort collectif.
D’autre part, c’est le sens de l’appel, vous avez raison de soulever ce point-là, que nous lançons également à nos partenaires israéliens pour leur demander à eux aussi de prendre leur responsabilité, de jouer le jeu du développement des Territoires palestiniens que ce soit en améliorant la circulation des produits, que ce soit par l’application de l’accord de l’été dernier sur le reversement des taxes notamment en matière douanière. C’est précisément le sens de l’appel que nous devons lancer parce que finalement, derrière tout cela, qu’est-ce qu’il y a ? Il y a un travail collectif qui est entrepris, dont la France avait pris l’initiative en accueillant ici à Paris en décembre 2007 cette grande conférence d’appui à la Palestine. L’enjeu c’est précisément de permettre aux Palestiniens de réussir, dans un environnement qui n’est pas le meilleur, leur développement économique et social. Parce que ce que nous faisons aujourd’hui, c’est pour le bien des nouvelles générations de jeunes palestiniens qui arrivent et il est important de leur donner des perspectives. C’est tout le travail que nous menons, de manière collective avec de nombreux partenaires. Ce qui nous anime, c’est de poursuivre l’effort dans la durée, de poursuivre également l’engagement et nous allons continuer.
D’autre part, je vous renvoie à présent à ce qu’a dit M. Alain Juppé hier au Conseil de sécurité des Nations unies, il y a cet autre engagement qui est celui de la France à rechercher le point de passage d’une solution politique sur la question israélo-palestinienne. Je vous conseille de relire très soigneusement ce que le ministre d’État a dit hier sur ce sujet devant le Conseil de sécurité.
Q - Vos explications sont très intéressantes, mais la France ne peut-elle pas modifier ou appliquer correctement le protocole de Paris entre l’Autorité palestinienne et Israël, qui a été signé ici, au Quai d’Orsay ? Tous les efforts que font la France, tous les pays arabes, ou les États-Unis, n’ont abouti à rien. Le pays est toujours occupé. Israël a la main sur tout. C’est une occupation financée par les Français, les Américains et les Palestiniens souffrent, malgré tous les efforts de M. Fayyad. La question des frontières est toujours bloquée.
R - Nous sommes précisément mobilisés sur ce sujet. Nous en avons parlé au Conseil de sécurité hier. Nous lançons des appels aujourd’hui. De manière très concrète nous mettons des moyens financiers qui viennent soutenir cet engagement politique de la France pour apporter des solutions aux problèmes.
Premièrement, nous sommes dans une logique d’appui aux efforts qui sont menés sur le terrain et d’appui aux efforts qui sont menés par la communauté internationale. Deuxièmement, nous sommes dans une logique de mobilisation. Et nous sommes dans une logique de conduite de cette mobilisation de la communauté internationale pour venir en aide aux Palestiniens depuis la Conférence de Paris de décembre 2007. Nous sommes dans une logique de conduite de la mobilisation internationale pour précisément essayer de faire bouger les lignes s’agissant de cette reprise du dialogue israélo-palestinien. Le président de la République s’est exprimé sur le sujet à l’Assemblée générale des Nations unies au mois de septembre dernier. Il a repris la parole sur ce même sujet fin janvier dernier, lorsqu’il avait présenté ses vœux au corps diplomatique, en particulier sur la nouvelle méthode qui doit être mise en œuvre par la communauté internationale s’agissant de la recherche de solutions au conflit israélo-palestinien et sur le démarrage d’un véritable dialogue entre les uns et les autres. M. Alain Juppé en a reparlé hier devant le Conseil de sécurité et, que ce soit avec nos partenaires européens ou que ce soit à New York, nous allons continuer à travailler dans ce sens.
6 - Honduras - assassinat d’un journaliste
Nous avons appris avec consternation l’assassinat de M. Fausto Evelio Hernandez, journaliste et présentateur de Radio Alegre, dans la municipalité de Sabá (département de Colón). Cet acte odieux, perpétré dimanche 11 mars, dans des conditions particulièrement barbares, est le dix-huitième meurtre de journaliste au Honduras depuis janvier 2010.
Toute la lumière doit être faite sur ces crimes dont les auteurs doivent être identifiés, arrêtés et présentés devant la justice.
Face à cette succession inquiétante de crimes contre des journalistes, nous attendons des autorités honduriennes qu’elles mettent tout en œuvre pour assurer la sécurité des journalistes et faire cesser la persécution criminelle dont ceux-ci sont l’objet.
Je veux également souligner, qu’au-delà de l’expression publique qui est évidemment une partie importante de notre travail, il y a cette action très concrète et c’est bien dans cet esprit que nous avions l’an dernier invité un groupe de journalistes du Honduras, ici, en France pendant une semaine. À l’occasion de cette visite, de cette découverte de notre pays, nous leur avions manifesté notre solidarité et notre proximité avec cette profession dont on relève avec une inquiétude croissante combien elle est persécutée.
7 - Liban - Revue stratégique de la FINUL
Le Conseil de sécurité avait, dans sa résolution 2004 d’août 2011, demandé au Secrétaire général de conduire une revue stratégique de la FINUL. Les conclusions de cette revue ont été présentées dans une lettre du Secrétaire général des Nations unies au Conseil de sécurité.
La France avait pris cette initiative dans le but de dresser un bilan de la FINUL cinq ans après la fin des hostilités au Sud-Liban et d’en améliorer l’efficacité. Les conclusions de cette revue permettront à la FINUL d’avancer dans la mise en œuvre de la résolution 1701.
La France soutient pleinement les orientations du Secrétaire général qui préconise en particulier :
- l’accélération de la prise de responsabilité des forces armées libanaises au Sud-Liban dans le cadre d’un dialogue stratégique renforcé avec la FINUL ;
- la possibilité d’une réduction des effectifs de la Force afin de disposer d’une Force «plus légère mais pas moins efficace» ;
- une implication accrue de la FINUL dans le processus de constitution des capacités des forces armées libanaises.
Conformément à ces orientations et à partir d’avril, la France procèdera à un ajustement de son contingent d’environ 400 hommes qui ramèneront les effectifs français à environ un millier d’hommes d’ici l’été 2012. Les autorités libanaises en ont naturellement été informées, notamment lors de la visite en France du Premier ministre Mikati le 10 février dernier, ainsi que les autorités israéliennes et les autres États qui contribuent à la Force.
La France réitère son plein soutien au rôle essentiel de la FINUL en faveur de la stabilité, l’indépendance et l’intégrité territorial du Liban. Nous saisissons cette occasion pour rappeler que la France reste pleinement et durablement engagée au sein de la FINUL et continuera à œuvrer en faveur de la mise en œuvre de la résolution 1701.
8 - Corée du Nord - Corée du Sud
Q - Un bureau de coopération culturelle a ouvert à Pyongyang en octobre 2011. Un des signes de cette nouvelle coopération culturelle est un concert qui se tiendra à la salle Pleyel. Il s’agit d’un orchestre nord-coréen avec un chef d’orchestre sud-coréen. Le ministère des Affaires étrangères n’est pas organisateur bien entendu mais les autorités françaises ont délivré des autorisations pour que les ressortissants nord-coréens viennent jouer en France. Je voudrais avoir votre proposition par rapport à ce concert.
R - La musique adoucit les mœurs, donc dans le cas qui nous occupe cela ne peut être qu’une bonne chose. Il est important de rappeler les faits. Ce projet est organisé par Radio France en lien avec les autorités nord-coréennes compétentes, à l’initiative du maestro Chung Myung-whun, directeur artistique de l’Orchestre Philarmonique de Radio France, de nationalité sud-coréenne. Notre bureau de coopération n’en est pas à l’origine et n’a pas eu de part opérationnelle à sa réalisation.
Je vous rappelle que ce bureau a deux missions principales : contribuer à l’assistance de la population nord-coréenne, durement frappée par des restrictions de toutes natures, et poursuivre nos activités de coopération, dans les domaines linguistique, éducatif et culturel.
Depuis son ouverture en octobre dernier, il a pris les contacts nécessaires, notamment avec les ONG présentes sur place, pour accomplir cette mission. C’est un travail dont les résultats seront perceptibles sur le long terme.
S’agissant des visas, nos services consulaires en Chine, compétents pour la Corée du Nord, ont effectivement délivré les visas, au terme de la procédure d’instruction en vigueur.
De manière générale et s’agissant de cette initiative culturelle, un orchestre nord-coréen, un chef d’orchestre sud-coréen, et ce, dans la structure d’accueil de Radio France, tout cela nous parait être une initiative heureuse de faire en sorte qu’à travers la musique, les grands auteurs, la musique classique - il faudra voir quel est le programme exact du récital qui sera donné par cet orchestre - cela peut produire des résultats positifs.
La musique peut jouer un rôle de rapprochement, de dialogue. C’est ce que nous souhaitons à travers cette initiative dont je rappelle qu’elle est organisée par Radio France et que c’est une initiative du grand chef d’orchestre sud-coréen, M. Chung Myung-whun, qui a monté cette opération culturelle.
9 - Syrie
Q - Hier vous avez déclaré que vous ne saviez pas si M. Tlass, l’ancien ministre de la Défense syrien est à Paris. Mais il est apparemment à Paris.
R - Même question, même réponse qu’hier./.


Diplomatie B. VALERO

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire