presse force one

presse force one
informations, investigations, analyses

samedi 5 mai 2012

CAMEROUN-MEDIAS: LE CENACLE DES EXPERTS


Il s’agit ici d’une réflexion sur les experts que nous écoutons sur nos plateaux de radio et de télévision : le matin à la radio, en mi-journée dans la presse, et le soir à la télé. Au total, une bonne dizaine, avec des analyses diversement appréciées : Qui sont-ils ? Pourquoi sont-ils toujours présents, n’y a t- il pas d’autres experts ? Leurs analyses sont- elles innocentes, indépendantes, ou corporatistes… ? C’est la petite réflexion que je vous propose dans ce cénacle des experts.


C’est un truisme de dire que sur le plateau des débats de week end on écoutera : Le Dr Pascal Charlemagne Messanga Nyamding (Le cerbère au CV redoutable), Charles Ateba Eyene (à la langue bien pendu et la tête toujours bien pleine et bien faite), Pius Ottou (le marteau piqueur), Hervé Emmanuel Nkom (Dangereusement ouvert), Mathias Owona Nguini (L’homme libre), Jean François Mebenga (un cacique), Dr Alain Fogue (l’intellectuel Opposant), Dr Njoya Moussa (la Grue), Pr Claude ABE ( le sécateur) Yves Parfait Songue (le déconstructeur), Mathurin Bakoto (l’homme cultivé)…Voilà pour les plus constant et les plus célèbres. Tous les jours, ils se battent pour le contrôle de l’opinion.



LES FEMMES
95% des experts utilisés par les médias camerounais sont des hommes. 5 % des femmes seulement (les chiffres sont de mon estimation personnelle, déduite à l’observation).
Par exemple, les médias expliquent être victimes de « la résistance au réel » des paramètres inter dépendants : les postes à responsabilité au Cameroun sont majoritairement occupés par des hommes. Les plateaux et les colonnes des journaux ne font que reproduire « le caractère profondément inégalitaire de la réalité sociale ». Imparable.
Voilà pour expliquer le degré de testostérone dégagé sur nos plateaux. Pour l’équipe de production de POLICAM sur la RTS, Alice Sadjo et Kah Walah sont les plus disponibles, les plus libres, et les plus courageuses ; les autres, ajoutent-on ici, ont peur de perdre leur poste et n’assument pas toujours leurs positions, aussi élevée soient-elles dans un domaine de compétence scientifique ou politique.
Autre argument : « l’urgence ». Les médias travaillent vite, veulent être « sûrs » de leur expert. Or, se plaignent-ils, nos amies les femmes, frappées du « syndrome d’usurpation », « manquent de confiance en elles », ne s’expriment que si elles « connaissent parfaitement le sujet traité » (ce qui pose manifestement problème), « demandent l’avis de leur hiérarchie » avant de venir. Elles sont donc moins disponibles que les hommes.
Ayant réalisé l'analyse des corpus presse radio et télé, la réalité s’impose d’elle-même.

Oui, les médias pourraient faire un effort. Mais il faut aussi reconnaître que leurs "excuses" renvoient effectivement à une triste réalité, la sélection féroce qu'opèrent les instances académiques, universités, grandes écoles, instituts de recherche, conseillers politiques, et autres lieux d'expression considérés comme "autorisés".
Quittons ici les femmes, et venons-en à nos experts.


I
PASCAL CHARLEMAGNE MESSANGA
Le cerbère au CV redoutable
Son CV est aussi grand que l’encyclopédie Wikipédia. En matière de compétence politologique, sociologique…il reste incontournable, et percutant quand il le veut bien. Enseignant à l’IRIC (institut de relation International du Cameroun), produit de la Sorbonne et d’autres grandes universités de France, il est très disponible pour apporter chaque fois qu’il est sollicité, sa pierre à la construction nationale. Les réactions des auditeurs durant ses analyses varient en fonction de ses postures : Quand il parle du Biyaisme, sa passion va au-delà de celle du Christ, et là les réactions ne sont pas toujours en sa faveurs ; Rappelons qu’il est membre du comité central du RDPC, le puissant parti au pouvoir. Il est prêt à assumer sa part de responsabilité dans le régime Biya sans se cacher, mais il n’hésite pas à dénoncer ses camarades de parti englués plutôt dans l’affairisme pendant que lui et le plus jeunes (Pius Ottou, Ateba Eyene…) défendent Paul Biya et son bilan.
Quand il est dans la posture stricte de l’analyste politique, sociologue ou autre expertise, l’audimat l’embrasse, tellement l’homme est froid, pertinent, et là il diffuse les réverbérations de la science pure.
C’est un Monsieur Physiquement impressionnant et caractériellement sanguin ; (il est originaire de Yabassi)
Il est presque toujours disponible, toujours prêt à défendre son parti le RDPC, mais aussi et surtout, son expertise reste l’élément majeur explicatif de sa présence sur les plateaux. Voilà pourquoi il reste incontournable.


II
Charles ATEBA EYENE
Personne ne peut prétendre connaître le RDPC mieux que lui ! Il a à son actif une bonne dizaine d’ouvrage au sujet de son parti, pourtant c’est un incompris qui donne les maux de têtes aux thuriféraires du régime, embusqués dans les réseaux.
Il défend son champion Paul Biya, mais pas à l’aveuglette. Par exemple, il n’a pas vraiment apprécié le dernier remaniement ministériel opéré par Paul Biya, et il ne se cache pas pour le dire.
Sa posture toujours iconoclaste est un casse-tête pour les dirigeants du RDPC, qui se demandent tous les jours à quelle sauce Ateba Eyene va les manger la semaine suivante. Charles Ateba Eyene à lui tout seul est une industrie d’idée. Son principe c’est chaque jour une idée ; Sa dernière trouvaille, le MODERAC 2018 (mouvement pour le contrôle de l’alternance en 2018).
Lui ne cache pas ce qu’il pense ; Membre suppléant du comité centrale au RDPC, le fils de Bikoka ne manque pas un seul moment de dénoncer les sectes, les réseaux les criminels homosexuels qui prennent la république en otage, Charles Ateba prône une république du mérite, une attitude qui lui vaux tous les ennemis imaginables ; d’ailleurs il n’a pas de bureau au Ministère de la culture où il est en service. Diplômé de l’ESSTIC, il vient d’obtenir un Doctorat, et la polyvalence de son expertise tant en sémiotique politique, en communication politique et bien d’autres lui valent d’être tout le temps solliciter sur les plateaux.



III
Pr PIUS OTTOU
C’est un enseignant d’université, économiste de formation, il est membre de comité central du RDPC ; Il est plutôt centriste pourrait-on dire ! On le situe entre Ateba Eyené le bourreau radicaliste des réseaux et autres sectes qui minent le mérite, et Messanga Nyamding, le fondamentaliste supporter sans condition de Paul Biya.
Ses domaines de compétences sont le sport, l’économie et la politique.
Comme les précédents, sa disponibilité à débattre des questions de la nation, sa connaissance et sa passion pour les questions technique de gestion de football le rendent important pour les médias qui en ont besoin pour l’éclairage des masses.
Sa parfaite maîtrise de paramètres macro économiques et financiers nationaux et internationaux, son sens de la repartie, mais surtout, et de façon parfois imprévisible sa pugnacité à défendre son parti (qu’il n’hésite pas à critiquer au besoin) sont des atouts pour la justification de sa place dans ce cénacle.


IV
Hervé Emmanuel Nkom
(Dangereusement ouvert)
C’est probablement le seul Camerounais qui assume publiquement son appartenance à une loge de franc-maçon (initié à l’âge de 30 ans), et c’est tout à son honneur. Hervé Emmanuel Nkom, qui s’y frotte s’y pique.
On l’a découvert sur les plateaux des médias de la ville de Douala où il réside ; Banquier de formation, c’est un haut fonctionnaire international revenu au Cameroun participer à la construction nationale. Cadre du RDPC, le Parti au pouvoir, il est d’une susceptibilité maladive, et devient très vite agressif face à la contradiction. Mais son expertise dans le domaine des affaire des banques, de l’économie et surtout son expérience politique, sont ses atouts majeurs ; très disponible, il répond toujours présent au débat, quel que soit le sujet, et ne craint aucun adversaire. Il utilise les mots du vocabulaire sans reserve.
Hervé Emmanuel Nkom a grandi dans les quartiers de la cité sic et Nkongmondo ; Membre du comité central du RDPC, il est le symbol de la nouvelle classe politique de son parti. C’est une grosse gueule, un personnage à plusieurs casquettes, une intelligence à la réputation controversée.



V
Mathias Owona Nguini
(L’homme libre)
Fils de Ministre, il est le seul au Cameroun, voir en Afrique à « cracher dans le plat où il a mangé », comme se plaisent à dire ses détracteur. Extrêmement disponible, ces analyses sont pointues et libres de toute contrainte. Sa thèse de doctorat en science politique portait sur le pouvoir perpétuel.
Fils de Joseph Owona, ancien Ministre de la république pendant plus d’une décennie, Mathias Owona Nguini porte le gêne de son père : c’est un esprit libre. Il répond rarement à ses détracteurs.
A la veille de la présidentielle de 2011 au Cameroun, il fait sensation lors d’un débat face à face avec le redoutable Fame Ndongo à l’université de Yaoundé I au sujet de la motion de soutien des intellectuels à Paul Biya.
Politologue, expert dans la maitrise des domaines variés, Owona Nguini, ne se lasse pas, quand il est sollicité à apporter son éclairage sur des sujets d’actualité, sans réserve. C’est une tête bien faite, et vous devez avoir les armes si vous voulez oser l’affronter.
C’est un intellectuel de haut vol, esprit indépendant, qui embarrasse beaucoup son père, cacique du RDPC, qui en même temps ne lui en veut certainement pas, c’est son portrait tout craché. Très souvent critiqué (par Moangué Kobila par exemple) qui estime qu’il intervient souvent dans des domaines ne faisant pas parti de son domaine de compétence.

VI
Jean François Mebenga
(Le cacique)
C’est un journaliste de formation, retraité depuis quelques années, il met son expérience au service du parti.
Très disponible et passionné, Mebenga Jean François est une lame à double tranchant. C’est un expert des médias, mais son appartenance au parti et sa passion oblitère parfois son analyse.
diplômé de l'institut de presse de Tunis, d'où il est sorti avec un brevet professionnel de journalisme en 1969, prend le taureau par les cornes et initie le toilettage à 95% de la grille des programmes. Après avoir fait ses classes à l'agence camerounaise de presse du retour au pays à la même année.
L'ambition de devenir fonctionnaire l'amène à intégrer l'école supérieure internationale de journalisme de Yaoundé (Esijy). Cette formation va lui permettre de découvrir l'Europe notamment la France et le continent américain. Un an après sa sortie d'école en 1974, il est nommé rédacteur en chef à la radio.
Après une brève expérience d'un an en presse écrite en 1978 à Cameroon tribune, il est nommé chef station radio à Bertoua. Sa candeur professionnelle lui vaudra des foudres de l'administration pour avoir dénoncé un acte de mauvaise gouvernance du gouverneur de l'Est de l'époque Bruno Nkempé, lors du comice agropastoral tenu dans cette ville.
La sanction est lourde : il est non seulement déchargé de ses fonctions, mais aussi mis à la porte six mois plus tard. Après deux années passées au placard, l'ancien président de la fédération camerounaise de jeu de dames est réhabilité et promu chef de service de documentation et de diffusion au ministère de l'Information et de la culture.
En 1984, ce diplômé de l'Institut supérieur de management public (Ismp) est nommé délégué provincial de l'Information et de la culture de l'Extrême Nord où il a pour missions de mettre sur pied d'une nouvelle station provinciale, construire les services de la délégation et un service provincial de la presse.
Une fois encore, il s'attire la sanction de la hiérarchie en 1989 suite à un mouvement d'humeur observé par les employés de la station Crtv Maroua. L'ancien président provincial du cyclisme Centre, Sud et Est sera muté à Ngaoundéré.
Pendant les années de braise (1990-1992), il est ramené à Yaoundé comme chef de station Crtv centre. Editorialiste en langue nationale, il est récompensé en 1996 directeur des programmes TV et va y rester jusqu'en 2000, après 35 ans de bons et loyaux services.


VII
Dr Alain Fogue
(L’intellectuel Opposant)
Ses détracteurs lui collent l’image d’un universitaire obsédé par le pouvoir. Titulaire d’un doctorat, il est l’auteur de l’ouvrage enjeux géostratégiques et conflits politiques en Afrique noire.
Enseignant de stratégie militaire à l’EMIA (école militaire inter arme de Yaoundé), il est aussi président d’un parti politique, le Mouvement républicain populaire (Mrp), parti politique légalisé depuis juillet 2002. Toujours disponible, ses analyses restent pertinentes, même si très souvent influencées par sa posture politique.
Sa lettre au président de la république il y a quelques mois en mars 2011, lui a valu une convocation au SED, le secrétariat d’état à la défense, où il s’est rendu compte de la faiblesse du système de renseignement camerounais. En effet, il est apparu sidéré que l’on ne sache pas depuis qu’il est le président du Mouvement républicain populaire (Mrp), parti politique pourtant légalisé depuis juillet 2002 et dont le siège est connu des autorités de la République, et c’est le lieutenant colonel Abdoulaye Ngouyamssa, en service au secrétariat d’Etat à la Défense, en charge de la gendarmerie nationale (Sed).
Entre Fame Ndongo et Alain Fogue, le débat est perpétuel, les divergences constantes, et les échanges sans concession.


Njoya Moussa
(La Grue)
Le jeune Politologue Njoya Moussa, est l’un des politologues les plus sollicité par les médias dans les débats et pour des éclairages des faits d’actualité.
Sa dernière analyse connue date du 24 avril dernier sur camnews24.org ; où Njoya Moussa Le politologue analyse les enjeux et les rapports de force du débat sur le projet de code électoral, dans un article intitulé Avalanche de critiques sur le projet de code électoral.
Disponible et froid, il est de tous les fronts sociopolitiques.
Expert en science politique son principal domaine de compétence, il est parfois taxé d’opposant, ses analyses criticides ne faisant presque jamais de cadeau au régime en place.


Pr Claude ABE
(Le sécateur)
Il est enseignant à l’université catholique d’Afrique centrale, et sa présence remarquée et remarquable sur les plateaux des débats n’est pas un fait du hazard ! C’est un esprit libre et froid qui aime donner son avis sans craindre d’être critiqué. Systématiquement critique contre le régime de Yaoundé, il n’appartient pourtant à aucun parti politique ! C’est une sorte de BHL (Hernard Henri levy), à la différence que ce dernier affiche son penchant à la gauche française.
C’est un politologue au champ de compétence élargi, qui met sa disponibilité, son expertise au service du débat public ; quand il est là, ça ne s’ignore pas, et les deux lames de son sécateur intellectuel décapitent sans merci l’adversité.



Yves Parfait Songue
(Le déconstructeur)
C’est un politologue que nous avons découvert sur les médias émettant depuis Douala. Titulaire d’un Master en relations internationales, Le Dr Guy Parfait Songuè, est assistant au département de communication de l’université de Douala où il a eu quelque souci en 2010 au moment de changer de grade.

Sa disponibilité et sa passion pour les sujets de société sont ses atouts majeurs.



CONCLUSION
Les dénominateurs communs de ce cénacle des experts, c’est la disponibilité, la passion, la maitrise des sujets, le courage, et l’indépendance d’esprit (ou presque)

Voilà pourquoi ils sont plus présents que d’autres dans les médias.
Ces experts sont-ils les meilleurs ? La réponse tombe sous le sens, oui, ils sont parmi les meilleurs du pays ? Leur objectif : éclairé ? Oui. Prendre le contrôle de l’opinion, certainement. Imposer ses idées ? Absolument !

Oui, il existe d’autres experts, aussi bons que ceux-ci, qui ne sont pas toujours disponibles (excuse parfois facile), qui ne sont pas à l’aise devant les micros ou au débat (Mekoa She ). Ils se contentent très souvent de critiquer leurs confrères dans leurs prises de position.

Oui, les médias peuvent faire mieux, mais pour cela il faut des moyens de travail conséquent, de la volonté, et surtout du sens prospectif. Il faut par exemple parvenir à faire venir nos Ministres sur les plateaux de débat pour défendre les sujets relatifs à leur domaine de compétence, où celui de leur département ministériel.

Sismondi Barlev BIDJOCKA
Écrivain, Journaliste Éditorialiste
Porte-parole de la jeunesse Camerounaise
Tél : 77 85 89 19

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire