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mardi 17 juillet 2012

ANALYSE DE L'ACCÉLÉRATION DE LA PROCÉDURE CONTRE MARAFA


Manifestement, le pouvoir a fait accélérer l'ouverture du procès, après le refus de Marafa de coopérer avec le juge d'instruction Magnaguemabe, pour lui couper l'herbe sous le pied et l'obliger à ne plus s'exprimer que devant la barre et sur le seul dossier pour lequel il est officiellement poursuivi.

En parcourant la Déclaration liminaire non lue hier, mais que sa communication a tenu à remettre à la presse à la fin de l'audience, le sentiment que Marafa ne s'exprimera plus en dehors des prétoires est très fort. Pourquoi? Deux raisons au moins.


La première tient à de ce qu'il connait depuis hier,- les Camerounais aussi en principe -, les charges précises pour lesquelles il est poursuivi. La raison principale de ses quatre sorties à travers des lettres ouvertes à Paul Biya et au peuple camerounais, était en effet induite. N'ayant pas été clairement et précisément notifié des faits qui constitureraient les charges éventuelles retenues contre lui par le juge d'instruction, lors de son inculpation le 16 avril 2012, il avait le loisir de s'exprimer et s'expliquer devant l'opinion de tous les dossiers auxquels il avait pu avoir accès (ou traité) du temps de sa carrière gouvernementale. En ce cas l'affaire de l'avion présidentiel ne pouvait être à ses yeux, et à raison sans doute, que l'un de ses multiples dossiers.


La seconde raison est qu'il s'est engagé si l'on en croit sa déclaration liminaire, à coopérer avec le Collège des juges. Donc, il a choisi pour sa défense, la stratégie de la connivence, là où son attitude antérieure, face au juge Magnaguemabe, avait semblé indiquer le contraire, notamment qu'il était dans une stratégie de rupture avec le système judiciaire et ses nombreuses faiblesses. Ainsi compris, en tant qu'accusé, M. Marafa comme les magisttrats et OPJ, qui concourrent à cette procédure, est tenu au respect du secret de l'instruction. Désormais, pour s'exprimer sur ce dossier, il ne le ferait que devant la barre. Il participerait ainsi à une sorte d'instruction, mais cette fois directement lors des audiences. En espérant que cette instruction d'audience, contrairement à ce qu'il craignait chez le juge d'instruction, ne serait pas essentiellement à charge notamment au niveau des conclusions qu'en tirerait le Collège pour rendre sa décision sur la culpabilité.


Pour son expression publique, seuls ses avocats désormais, - sous certaines conditions dont notamment celle de ne pas diffuser les pièces du dossier de l'affaire non encore définitivement jugée -, pourraient s'exprimer en dehors en dehors du prétoire. Dans le cas contraire il s'exposerait au gourdin de la loi pénale qui sanctionnne la violation du secret de l'instructure ou de "commentaires tendencieux".

Au fond, voilà ce qui exoliquerait en grande partie, l'accélération depuis fin juin de sa procédure de jugement, par la conclusion rapide d'une information judiciaire qui n'a pas véritablement eu lieu. Nul ne perd de vue en effet que c'est depuis le 02 juillet qu'ils étaient convoqués pour comparaître dans le cadre de cette affaire!!! Loins de 3 lois après son inculpation, là où les autres clients de l'opération Epervier ont passé plus de 18 mois voire deux ans!!!


En accélérant la procédure pour ouvrir le procès public, malgré cette carence liée à une information judiciaire finalement bâclée - ce qui obligera le juge de jugement de faire l'instruction en audience, en principe à charge et à décharge - le système politico-judiciaire camerounais met en demeure M. Marafa de ne parler plus parler que dans ses es couloirs. Ces couloirs, notamment la barre, sont pour ceux qui se rendre souvent dans les palais de justice camerounais, très contrôlés par le pouvoir au travers des juges, qui s'empressent souvent d'user de leur pouvoir management de l'audience pour autoriser ou non à un accusé de s'exprimer sur tel point ou tel autre. On a même vu par exemple à Douala et à Yaoundé, des juges, qui à l'évocation des noms de certaines personnalités proches du chef de l'Etat, s'empressaient pour stopper le témoin au motif que ces personnalités n'étaient pas citées devant le tribunal!!!


Ainsi aura été atteint l'objectif central du pouvoir, qui sera resté ces dernières semaines d'empêcher cet ex pilier de poursuivre ses révélations aussi bien gênantes que ravageuses pour la crédibilité de toute l'opération de lutte contre la corruption attribuée au Président Paul Biya. Au bout de quelques audiences en effet, il est presque certain que l'attention des médias et de l'opinion aura tombé, tant, limité à un seul dossier, Marafa, n'aura que peu de nouvelles révélations à faire à la barre. Encore faudrait-il que les médias, qui auront le sentiment d'avoir déjà rapporté tout cela, reprennent fidèlement pour le public ces déclarations faites lors du procès.
Alex Gustave Azebaze

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